Zéro minus ten

En tant que fan depuis peu, mon neveu a lu tous les romans de Raymond Benson dans le bon ordre après avoir lu 4 Fleming et un Garder. Il m'a soumis hier quelques réflexions. Nos avis se rejoignent sur ce roman, donc je vous soumets sa critique faite de concert, car c'est le point de vue d'un jeune de 17 ans, qui me semble très pertinent.

"Tout d'abord, Benson n'est pas Ian Fleming et les lecteurs devraient aller au-delà de cette attente avant de commencer. Il n'est pas John Gardner non plus, ce qui ramène Bond au personnage des films plus que de ceux des romans originaux et le rend plus intéressant en tant qu'individu que celui de Gardner, trop fade.

Cela dit, je crois que Benson est le plus proche de Ian Fleming, de tous les écrivains post-Fleming en ce qu'il a vraiment saisi l'essence du caractère de Bond et de l'univers dans lequel opère 007.
C'est le monde de l'espionnage de demain, il ne se fonde pas dans la réalité, mais comme le créateur de James Bond, Benson garde le personnage principal très humain. Bond de Benson fait des erreurs, montre sa peur, ressent de la douleur et beaucoup de mélancolie la plupart du temps.
Benson a apporté de nombreux éléments à la série.
Certains se sont plaints au sujet de son style d'écriture. Son style est concis et facile à lire pourtant.

"Zero minus ten": Pour nuancer ce qui est dit plus haut, je reconnais que son écriture est à son plus faible ici, mais cela dit, ZMT est une histoire prenante au complot parfait pour 007. Il est dans la droite ligne de Fleming avec la retrocession d'Hong Kong, des personnages comme Guy Thackeray et TY Woo et Li Xu Nan, et ses descriptions de la nourriture, le mahjong et les triades. C'est un roman qui a inspiré un début de scénario pour "TND", et je dois dire que c'est bien Pierce qu'on imagine lors de cette aventure.
Ce qui est particulièrement intéressant est le développement de "M" et de sa relation avec Bond.
Thackery le meilleur méchant, en raison de son rêve égoïste de détruire Hong Kong. La pensée de détruire un pays n'a jamais été aussi bien décrit qu'ici. Même par Fleming. La représentation de Thackery ne pouvait pas être plus réaliste."

Ce roman a certains moments captivants, et l'intrigue, en général, est assez solide. 007 a ​​encore quelques aspérités, mais ce qui passe officiellement pour une sorte de philosophie de vie du genre "jai appris de mes expériences passées" pue la rectitude politique. Bond est ancré dans ses convictions. C'est pour cela qu'il gagnera toujours. Il a foi en lui et en l'Angleterre. Ce qui nous vaut l'excellente réplique caustique de 006 dans "Goldeneye" d'ailleurs.

Il y a par ailleurs trop de ces détails de longue haleine qui ne coulent pas naturellement dans le récit; Fleming avait maîtrisé l'art de la narration, Benson n'y est pas parvenu. Et le pire de tout, dans les scènes d'action la prose de Benson devient bâclée, bourrée de phrasé poussif et la description est superficielle.
Il n'y a aucune passion ou sentiment d'urgence, surtout lorsque la vie de Bond est engagée, on reste de marbre. Vous êtes tout simplement témoin d'événements de l'extérieur. Lorsque Benson plonge dans la psyché de Bond, le résultat est sans fin; des lignes de questionnement intériorisé - au point de devenir ridicule.
Le méchant a une motivation suffisante pour être crédible mais le meilleur personnage ici est le chef de la Triade, Li Xu Nan, qui apparaît comme une personnalité "très Fleming" inspiré, à la Marc Ange Draco.
Le moment qui me fait bondir c'est quand Bond discute de documents CLASSIFIÉS sur sa mission dans un restaurant, là où tout le monde peut l'entendre par tout moyen technologique dont raffole Benson !
Je ne dirais pas "Zéro moins dix" mais plutôt 5 sur 10...Le boulot est propre mais...

J'ai profité d'un mois de vacances pourri par la pluie pour le lire.
Ce livre est plein d'action et de suspense. L'action est assez diffuse, ça manque parfois de cohérence mais il est dans la bonne moyenne du classement de cet auteur.
Par contre si l'on est pas familier des romans de Fleming on risque de ne pas comprendre les allusions qui sont très nombreuses dans ce roman. C'est bien, ça force à s’intéresser aux romans d'origine.