High Time to Kill

Raymond Benson n'a jamais vraiment réussi à s'approprier le personnage de 007. John Gardner probablement encore moins si l'on considère certains romans dont on a parlé dans nos colonnes.
Raymond Benson a été très clairement plus influencé par la franchise cinéma que par le créateur de Bond. Ses novellisations des films avec Pierce sont justement supérieures aux films eux-mêmes !

"High Time To Kill" (Crime sur les cimes en français...bof !) est le résultat inverse. Une construction originale, grâce à des rebondissements inattendus, une final qui arrive crescendo, Benson délivre enfin sa propre vision de James Bond.
Et quelle vision! Même les éléments qui semblent familiers prennent une tournure surprenante, les références au passé complètent agréablement la mission et nous sommes pris dans un tourbillon d'aventures. Benson brouille habilement les pistes pour maintenir le suspense...comme dans les meilleurs Fleming !

Le roman s'ouvre à Nassau avec Bond et Helena Marksbury au milieu d'une histoire d'amour sensuelle. Leurs vacances sont brusquement interrompues avec des nouvelles de la mort d'un vieil ami de Bond. Immédiatement, nous passons au club de golf Stoke Poges dans le Buckinghamshire, en Angleterre pour un final sur l'Himalaya. On voyage entre temps par Bruxelles.
Bond pilote 'une Jaguar XK8 qui rappellera des souvenirs.

J'ai beaucoup aimé la rivalité entre James et le Group Captain de la RAF, camarade de classe d'Eton. Un adversaire redoutable, Benson nous disant que Marquis est «fait de la même substance» que James Bond.
On retrouve des bribes de Moonraker avec le Dr Wood...

L '"Union" est une organisation terroriste qui est derrière deux évènements majeurs. Bond utilise la «bibliothèque visuelle» (rappelant un peu l'"Identigraph" de FYEO) du SIS, qui place l'Union dans la ligne de conduite avec les nazis, le Ku Klux Klan et Ernst Stavro Blofeld. Que du "beau linge" !
Je trouve que l'Union et le Gérant sont plus effrayants que Blofeld et S.P.E.C.T.R.E mais notre vision est forcément différente que celle que l'on avait à l'époque !

Bond rencontre de nombreux obstacles qui l'obligeront à faire appel à ses acquis de commando, dont la survie. Bond découvre aussi que l'Union a placé une personne parmi ses compagnons.
Le trek monotone, froid, sibérien et douloureux jusqu'à l'Himalaya est un très grand moment que Fleming aurait adoré.

Raymond Benson a atteint le sommet en un seul roman après bien des écueils.