Naissance du mythe : Casino Royale.

James Bond est agent du SIS, il est affecté à la section 00, après un passage par la marine, ce qui signifie qu'il a le permis de tuer qui bon lui semble dans le cadre de sa mission sans avoir à en justifier. Il est excessivement porté sur le tabac et l'alcool, ainsi que sur le beau-sexe. Il est le représentant de la mentalité masculine de cette période, ni plus ni moins.

Lire un James Bond pour la première fois est une expérience intéressante. On a tellement vu les films qu’on en avait oublié qu’au commencement était le livre. Il s’agit ici du premier des romans de la série. On retrouve donc le héros bien connu très différent de l’image qu’on en a par le biais du cinéma. Derrière l’agent secret, l’homme se révèle en filigrane.

Il faut tout de même patienter jusqu’à la moitié du roman pour que le suspense démarre vraiment au cours d’une scène de baccara intense au casino - suivi d’une scène de torture mémorable. Entre ces “séquences”, beaucoup de descriptions... qui peuvent épisodiquement frôler le ridicule, telle cette phrase : “De la sueur emperlait les ailes du nez crochu du banquier”...
Mais là où ‘Casino Royale’ dérange vraiment, c’est dans l’expression de certains clichés et préjugés. Les méditerranéens sont forcément fortunés, les Bulgares sont “idiots mais obéissants”, tel trait physique trahit “du sang juif”, les Français souffrent tous d’hépatite... Et pour finir, James se demande bien ce qu’une femme peut apporter à sa mission...
Essayons d’oublier ces phrases, surtout présentes dans la première partie pour profiter de la dernière, qui révèle un James Bond mis à nu. Après une rude confrontation, il s’interroge sur les notions de bien et de mal avec une rare lucidité.

On ne parle plus comme dans les années 60 (malheureusement....) et heureusement la grammaire a évolué. Bragelonne a dépoussiéré les romans dont certains avaient des tournures de phrases très datées. Des mises à jour grammaticales ont été faites.
L'ensemble est plus léger et plus accessible aux jeunes générations qui veulent découvrir Ian Fleming.

Maintenant si tu as toute la collection chez cet éditeur, inutile de... changer les Plon...

Je pense que la mention "spoilers" est superflue...

James Bond reçoit une affectation plutôt glamour, à l'hôtel casino de Royale-les-Eaux (en fait Le Touquet). Contre sa volonté, Bond est associé à un agent féminin nommée Vesper, avec Felix Leiter agent de la CIA, et un autre homme, René Mathis, agent français comme back-up. Bien sûr l'agent français ne peut agir sur son sol.
L'affectation de Bond est simple: en sa qualité de meilleur joueur de cartes du service, il doit provoquer la banqueroute de l'agent russe Le Chiffre, banquier des "rouges" et joueur maladif.
Les descriptions des jeux de casino sont très détaillées et m'ont donné envie d'apprendre la blackjack et le baccara (ce que j'ai vraiment fait).
L'action contre Le Chiffre aux tables est assez tendue. L'histoire est convaincante, crédible et très bien documentée quant aux divers moyens de la guerre de l'ombre à cette époque.

Ce qui m'a marqué, c'est le sexisme débridé de Fleming dans ce roman ! Les femmes sont représentées comme étant pathologiquement stupides, ineptes, et pour couronner le tout enclines à tromper. Vesper, dans le roman, a plus en commun avec la Tiffany Case de l'écran (seconde partie du film...) qu'avec Eva Green !

Bond a été dépeint ici comme solitaire, loin d'être infaillible, ancré dans ses convictions. Il sera intéressant de regarder son personnage se développer dans la série de romans...Fleming le perdra de vue régulièrement; on retrouve Bond tel quel dans LALD.

Pour une aventure de plus de 50 ans, il a résisté à l'épreuve du temps et parvient toujours à être une bonne lecture aujourd'hui. Je le préfère édité par Bragelonne...

Ok j'en ai marre des gamineries des 2 ou 3 "ouins-ouins" de JB-fr qui font tourner les même sujets en boucle, alors je viens voir par ici.

A propos de Casino Royale, je dirais que ce roman a de la classe. Le comptable du réseau d'espionnage soviétique dans le nord de la France a détourné des fonds, et espère se refaire au casino de Royale-les-Eaux. James Bond est là pour mettre fin au réseau ET à la vie de Le Chiffre, puisque si il perd, les Russes le tueront. Cela donne une histoire élégante et agréable, qui est l'un des meilleurs romans de la littérature du genre.

Ce roman, bien écrit, et au rythme rapide m'a gardé éveillé jusqu'à 3 heures du matin quand j'ai commencé à le lire (chez Plon) six mois avant le film avec DC, car je ne pouvais pas le lâcher. James Bond est bien plus qu'un personnage de fiction dans ce roman et dans LALD. Il est un être humain faillible mais compétent.