Passage de flambeau

En 1953 sortait en librairie un thriller d'espionnage. Ian Fleming, britannique et ancien agent de renseignements de la Royal Navy mettait en scène un agent secret au permis de tuer.
En 2011 l'américain Jeffery Deaver, ex-juriste et journaliste reprend le mythe à la base et le dépoussière. Fini le racisme et le sexisme, fini le permis de tuer. Mais surtout fini le SIS. James Bond revient sous les traits d'un agent d'une agence secrète qui a carte blanche pour mener à bien les missions confiées à ses agents.

Les personnages qui ont marqué la saga restent mais sont adaptés à notre monde post 11 septembre, bien plus ancrés dans le monde réél de l'espionnage high-tech. Mention spéciale au nouveau responsable de la cellule Q...Désormais, James Bond est agent 007 de la cellule O (pour Opérations). Mary Goodnight est de retour, Moneypenny et l'Amiral sont aussi présents. Felix Leiter et René Mathis épauleront James Bond. Tous ont sensiblement le même âge.
ODG : Overseas Development Group est l'agence pour laquelle James Bond travaille désormais. Une agence qui travaille avec le MI-5 et le MI6 mais en toute indépendance.

James Bond est passé par la Royal Navy, puis par le DI (le renseignement militaire). Smiert Spionam est réactualisé également avec talent.
Jeffery Deaver nous livre un héros qui marque le pas avec les romans originaux, mais aussi avec les adaptations cinématographiques. Toutefois, Bond a une couverture officielle d'analyste financier. Il nous rappelle beaucoup Pierce Brosnan dans "Tomorrow Never Dies".
Bond utilise la version courte du PPk, et sa Rolex Oyster Perpetual orignale (non la Submariner...) comme poing americain, roule en Bentley comme Fleming l'a écrit. Il boit du bourbon, peu de martini, reste un fin gourmet en costume. Mais au moment de passer à l'action, il revêt une tenue de chez 5.11 Tactical Series, la marque des "contractors" partout où ça chauffe.

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Souhaitons que Deaver soit aussi prolifique que Fleming, car "Devil May Care" de Sebastian Faulks avait beaucoup déçu. En revanche, on regrettera ici la traduction française désastreuse qui omet des passages comme la description de 007 incomplète ou encore en page 214 la description des costumes des agents. Ils ne portent pas de T-Shirts avec leur cravate évidemment mais des chemises amidonnées "starched shirts".

http://planete-polars.blog.leparisien.fr/archive/2011/05/31/un-james-bond-pour-rire.html

Ce monsieur devrait lire le roman en langue originale comme tout critique digne de ce nom.

Je viens de terminer "Carte Blanche" et je suis d'accord avec Bond77. Ce roman est excellent.
Le dernier James Bond "Devil May Care" par Sebastian Faulks pour le centenaire de la naissance de Ian Fleming, devait être un hommage mais Faulks m'a donné le sentiment que James Bond n'était pas digne d'être un véritable roman "de Sebastian Faulks".
Heureusement, ce n'est pas le cas avec Jeffery Deaver. Deaver est un auteur à succès qui a des milliers de fans dans le monde dont moi depuis que OSS 007 avait conseillé sur JB.fr de lire le Rectificateur de cet auteur.
Il livre un roman fantastique de James Bond qui respecte tous les éléments de la franchise (les filles, les armes, des voitures, des lieux magiques d'autres très sombres), mais c'est également un roman de Jeffrey Deaver. Le mélange fonctionne comme un martini bien agité (désolé, pas pu résister).
Deaver a propulsé James Bond dans le 21e siècle en un formidable reboot, mais il a aussi produit un thriller très moderne.
Deaver live des chapitres courts, le choix des lieux sont originaux (difficile de réaliser qu'il a fallu à Bond si longtemps pour aller en Afrique du Sud...). Mais ce qui rend si passionnant Carte Blanche c'est le développement des personnages secondaires, la grosse faiblesse de Gardner et de Faulks.
Les Bond Girls sont trois. Ophélie Maidenstone (j'adore ce nom) est la plus intéressante. Elle fait penser à Emma Peel.
Le méchant, Severan Hydt, est de loin le meilleur méchant depuis Scorpius. Il est absolument affreux, abominable.

Impossible de lâcher ce roman quand on le commence. Et pour moi, c'est un exploit !

Avec Carte Blanche, Jeffery Deaver a livré le plus fort des James Bond. Il y aura toujours des puristes de Fleming qui n'accepteront pas n'importe quel livre par un autre auteur (tout comme il ya des fans de cinéma qui n'accepte que Sean Connery dans le rôle).

Pourvu que, comme 007, "Jeffery Deaver will return."

Je fais partie de ceux qui pensent que l'acteur le plus proche de l'original est Roger Moore dans "The man with the golden gun".
Absolument pas Connery trop rustre. Je parle de la façon dont Moore incarne 007, pas du film. Je souhaite vivement que Daniel Craig affine son jeu et surtout soit moins monolithique dans le prochain.

Jeffery Deaver est un grand écrivain.
CARTE BLANCHE est une histoire d'aventure en effet excellente mais il faut garder en tête la longue liste d'organisations et l' excédent de personnages)
Le problème ? Ce n'est pas vraiment James Bond. Faulks est plus proche de Fleming dans les derniers livres, quand la lassitude se fait jour.
Si je devais remplacer toutes les références à l'utilisation du nom James Bond dans ce roman et le substituer par Jack Ryan par exemple ça marcherait aussi. Peu de traits de personnalité de James Bond subsistent.
Au lieu de cela, nous avons un édulcoré, politiquement correct à l'extrême, un Bond castré, le gendre idéal, aucun relief.
Bond avait des opinions bien arrêtées. Certaines étaient dérangeantes mais communément admises dans le monde de cette époque. Il avait des vices. Il était un avant tout un "tough guy", un marin qui savait aussi vivre mais qui gardait un parfum de souffre. James Bond était une lecture interdite aux mineurs, il faut le rappeler. Une délicieuse transgression !

Dirty Harry Callahan dans les années 70, avec 007, à leur manière chacun, ont servi à dénoncer les dangers de la rectitude politique, le travail syndical et l'abus de programmes sociaux, l'immigration massive etc.

Je suis toujours surpris lorsque je relis Fleming. Combien de fois Ian Fleming lance une critique en catimini des tendances qu'il voyait en développement et qui sont devenus des problèmes majeurs pour nous aujourd'hui.

Pour résumer, une belle aventure. Mais pas James Bond.

Of course, une fois le livre terminé !
Mais si je peux exprimer une opinion très rapide, je me rallie totalement au commentaire de I spy : c'est fort bien écrit, mais ce n'est pas un Bond, et juste pour ça, le bât blesse gravement...
Pour moi, For Special Services, Role of Honour, Nobody Lives Forever, Scorpius, Never Send Flowers et mon préféré Win, Lose or Die, tout ça, c'est du bonbon.
D'accord que Brokenclaw ne casse pas des briques, mais c'est UN roman, un seul parmi plusieurs.

Win, Lose or Die est excellent. Tu devrais retrouver dans Carte Blanche un peu de la personnalité de 007 de ce roman, notamment dans son comportement avec les femmes. Dans le roman de Gardner, Bond et Maria da Ricci ont une relation qui me fait penser à celle entre Bond et Philly Maidenstone. Les deux femmes sont pareillement compétentes et Bond les considère professionnellement avec le même respect. Il est autant "politiquement correct"dans les deux romans.